Le « déficit de filles » en Asie du Sud
Depuis 1985, près de 10 millions de femmes ont disparu en Inde. Les avortements sélectifs fondés sur le sexe, les cas d’infanticide et les gestes de négligence et de discrimination à l’égard des petites filles — répandus dans ce pays — ont été qualifiés par plusieurs intervenants, dont le journal national de l’Inde, The Hindu, d’urgence nationale et d’épidémie qui aura de lourdes conséquences sociales. Au Bangladesh, un pays voisin, la situation semble plutôt différente. La réalisation de travaux de recherche subventionnés par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), organisme canadien, a permis d’observer au Bangladesh une amélioration continuelle des chances de survie des filles par rapport à celles des garçons et peu de signes indiquant la pratique d’avortements sélectifs fondés sur le sexe. Les constatations relevées au Bangladesh permettent d’examiner le « déficit de filles » de l’Inde sous un autre angle. À l’occasion d’une conférence publique présentée au CRDI, Naila Kabeer a expliquer les tendances divergentes observées en Inde et au Bangladesh. L’étude réalisée au Bangladesh repose sur une enquête menée auprès de 5 000 femmes dans différents districts, y compris dans le village où Mme Kabeer a examiné certaines de ces questions en 1979.